Michiko est morte

Publié le par yanniG

Michiko est morte. Lors de la grande erruption. Et moi j'ai survécu.

Je me souviens de ma rencontre avec Michiko, dans ce magasin de jouets. J'ai tout de suite su que c'était elle. Je l'ai amené chez moi, je lui ai fait une place dans ma vie, en mettant à la rue mes milliers de mangas. J'ai vendu mes consoles, ma tribu virtuelle, je l'ai confié à Sango. Après, je n'ai plus beaucoup vu les copains. j'avais Michiko, je restai avec elle, je la regardai vivre, je lui offrai des vêtements, des bijoux, tout ce qu'elle demandait.

Je laissai la moitié de ma bourse d'étudiant en mathématiques chez Nintendo.

Michiko était heureuse. Mon adorable Geisha.

Le temps passait devant l'écran de la console. Pour cent cinquante mille yens, j'avais acheté un modem de connection aux mondes extérieurs. Mes parents pouvaient partir à la neige à Okaïdo, visiter Rome ou Paris, se battre pour leur concession sous les derniers cerisiers en fleur non modifiés génétiquement. Moi je mettais le casque de virtualité, j'enfilais les gants connecteurs et le foureau pénien, et je pouvais me retrouver avec Michiko dans les pays intérieurs. Mon préféré était le Sega-TSR, où j'incarnais Eldrin, L'Elfe Samouraï. J'y ai sauvé Michiko des Hordes Fanatiques du Globe de la Haine, et je n'y suis mort que trois fois en sept cent heures de connection.

Michiko voulait toujours aller dans la cité de la jouissance, mais les connections étaient hors de prix, et je me laissais souvent surprendre par le compteur qui défilait avant d'avoir atteint le plaisir. Je me retrouvai alors sur mon lit, le sexe aux abois dans le foureau pénien revenu à sa triste réalité d'objet inanimé, et l'Hologramme de Michiko qui faisait la tête, ou qui s'enfermait dans sa... chambre.

J'avais bien tenté d'aller chez les prostituées de Ginza, mais elles étaient moches et ça me faisait mal aux reins de me déhancher. Avec l'expérience, je préférais le sexe avec Michiko.

J'avais bien demandé à Hiro de supprimer les routines publicitaires de mes programmes, mais Nintendo les intégrait au système. Les Tamageishas devaient visiter la cité de la jouissance deux fois par semaine, ce n'était pas de la réclame, c'était mélangé à ce qui composait le caractère des Tamageishas, "comme celui des femmes", disait la voix féminine de la hotline de Nintendo.

Le jour de la grande erruption je venait de passer quinze heures sur ma console sans prendre aucun contact avec le monde extérieur. Je n'avais cure des infos et du volcan qui grondait, des cendres qui obscurcissaient le ciel en plein midi.

C'est un réserviste de la garde nationale, de cinquante ans au moins, qui m'a fait émerger, tandis que les messages et items du Sega-TSR se brouillaient.

"Debout, fils, je t'emmène sur la plate-forme de l'astroport."

Et de force il m'a tiré. Je me suis retrouvé deconnecté. Et même les services ondulaires sans fil ne répondaient plus... Le building Sega-TSR avait été submergé par les laves incandescentes. Plus de cité de la Jouissance, mon sexe se retrouvait pantelant dans son foureau déconnecté. J'eu à peine le temps de prendre un pantalon et je ne réalisai l'étendue du désastre qu'une fois charrié en Hélicoptère jusqu'à Yokohama.

Un désastre planétaire.

Trois cent mille morts, dix millions de réfugiés, errants au milieu des scories du Fujiyama. Le volcan n'était même plus un lieu de suicide branchouille, il fallait faire un marathon sur des cendres pulvérulentes pour atteindre le cratère; on mourait asphixié avant d'avoir pu se suicider dignement, sans douleur.

Les relais militaires par satellites n'étaient pas opérationnels. Alors les réseau récréatifs Nintendo ou Sega, où retrouver Michiko, tu penses. Aucun espoir de jamais retrouver Michiko avant trente ans.

Otaku. On m'a désigné par ce mot et dit que la France de Sarkozy m'offrait asile dans un camp de travail pour immigrés "avec capacités et talents". L'alternative? Un Wakisaki tranchant et du papier pour rédiger de quoi faire de moi un Trésor du Japon Eternel, un fragment de mémoire d'une terre submergée par les raz-de-marée qui s'acharnaient à envahir la baie de Tokyo. Je n'ai pas hésité longtemps. Voici ma mémoire, qui sera peut-être traduite et compilée avec celle de millions d'autres Otakus qui auront préféré mourir avec le souvenir du virtuel à survivre dans un monde de merde. Charge aux survivants de le faire meilleur et plus beau. Moi je suis trop lâche. Car Michiko est morte.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Kicéké mort

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N
Merci pour ta visite.<br /> Bien sûr que tu peux utiliser une de "mes" photos.
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S
Merci pour ta visite, effectivement nou reconnaissons bien notre amitié a la France.Mais nous ne sommes nullement Royalistes...A bientot
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I
Eh bien, tu ne perds pas de ton talent, dis-moi, elle est vraiment sympathique cette petite nouvelle, franchement, tu n'as plus besoin d'écrire de la littérature, maintenant ponds-nous un bon scénario, que diantre!!!<br /> <br /> Quant aux sectes, moi je trouve plutôt cool le fait que les raëliens s'ouvrent sur le monde, après tout, dans le futur d'Albin Caldeyroux, la philosophie Raêlienne supplante le Christianisme! (pour plus d'infos sur Albin et son clone Benjamin, me contacter!!!) Enfin, moi j'en dis que dès que Yannig aura mis en forme ses histoires de sectes, ça va sectionner dur!!
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P
Objectivement, préfère tu le wakisachi ou le najinata?
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O
faut pas utiliser michoko comme nom... Moi je crève la dale (je plaisante^^)<br /> biz
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