Objectif sur tronche en sang

Publié le par Pelot

Objectif sur tronche en sang.

Les ambulances passaient à donfe à la sortie du bahut. Pas d'école durant les émeutes. On a décidé d'aller kiffer chez Max, rue Michel Soulâtre. On a vu les premiers C.R.S place Foch. Chef moustachu rougeaud, genre mauvais pif plutôt que bonne pâte:
"Le centre est bouclé, les jeunes. Faites le tour.
-Mais on habite dans le centre.
-Vous ne passerez pas. Faites le tour."
Kéblo de chez kéblo. Tant pis, direction le parc. C'était là qu'on fumait si on trouvait pas de piaule où squatter le midi. Pas la peine. Depuis l'église Saint Bélial jusqu'aux quais, file ininterrompue de fourgons bleus. Avec des casqués autour qui couraient avec des armes ésotériques. C'est que ça gueulait dur dans le centre. Et des volutes fumigènes sortaient des rues piétonnes, destination nos mirettes.
"Eh! Faut d'autres grenades pour la sixième. "
Encore un cordon blindé, rougi à l'éthanol sous les casques. Ils souriaient!
Nous, déjà un peu moins. C'était vraiment imposant, tous ces gonzes armés. Surtout qu'on savait qu'ils étaient pas là pour nous protéger. On est descendu vers les quais. On marchait sur la route, entre les fourgons CRS rangés à la louche de chaque coté. On a du s'écarter à un moment pour laisser passer un véhicule des pimpons. Sylvestre, paisible, roulait un joint en marchant.
"A mon avis, les keufs vont pas nous faire chier pour ça aujourd'hui."
Klaro. C'est au niveau de la piscine qu'on a vu se qui se passait vraiment.
Là, ils avaient planté une bonne vieille ligne d'assaut qui faisait face au quai Dreyfus. Et sur le pont Dreyfus et alentours, y avait une purée d'humains baignant dans la vapeur rouge des fusées de détresse. Même à deux cent mètres, l'air était âcre. Et on voyait les corps tomber, refluer d'un coté, de l'autre. Et d'un coup la ligne de C.R.S de la piscine est descendue à pleine blinde, matraques levées. La raison? On l'a vu pas longtemps plus tard.
Bruit de sirène, bagnole de keufs municipaux, puis quatre motards, deux XM, quatre motards encore.
"Balladur et Pasqua. C'est cool ils sont sauvés.
-Passe le joint au lieu de dire des conneries."
Après le passage, d'autres C.R.S sont encore allé à la tatane. Du people commençait à refluer vers nous, grappe bizarre. Un pêcheur, face éclatée, trainé sur le bitume par quatre Compagnons Républiquains de Sécurité. Et une petite meute de journalistes, objectif sur la tronche en sang. Steak du pêcheur pour le repas de vingt heure.
Repas? Messe? Buvez, ceci est votre sang. Maïa, qu'était bien d'équerre,a gueulé sur les journalistes. Brumeux, j'ai compris les mots connards, vampires, chiens de garde. Je savais plus trop à qui ça s'adressait.
"Barrez vous les jeunes! Il n'y a rien à voir!"
 Le pêcheur était mis au panier. On s'est ramassé vers le centre, à peu près accessible dans le bordel ambiant.
 Je suis resté chez Sylvestre. Au vingt heure on a vu le type à face éclatée.
Sale décalage sous le baratin journaliste:
"La population rennaise a été choqué par la violence inouïe des affrrontements..."
Tu m'étonnes. Cent blessés. Une main arraché par une fusée de détresse, un C.R.S au pieds troué à la barre à mine. En arrière fond, on entendait Maïa, ses chiens de garde et ses vampires. Mais on ne savait pas trop si ça s'adressait aux C.R.S ou aux journalistes. Edmond Hervé, pansement sur la face, faisait remarquer que les C.R.S n'avaient protégé que les deux ministres, et pas les rennais.
 Dans la nuit, on a encore entendu des sirènes. Par la fenêtre on a vu une lueur d'incendie. On est tous un poil voyeur.
 Mais là c'était le parlement de Bretagne qui brûlait. Des centaines de personnes regardaient, recueillis, abattus.
Une fusée de détresse. On avait les flammes dans les yeux, chaud au visage, plein de symboles tournoyant dans la tête.

 La semaine dernière (mars 1999), je suis passé devant le parlement reconstruit.
J'allais chez Maïa. Plus loin j'ai vu une affiche avec en énorme la face de Pasqua. Edmond Hervé avait sa face en petit sur une revue du bureau de presse. Les paysans vont manifester contre la politique agricole commune.
L'histoire est fini depuis quelques lignes déjà

 

Publié dans yanniG

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M
Je te souahite bien le bonjour ,<br /> Que dire ?Tu habites à Rennes ,c'est une ville merveilleuse n'est ce pas ,aussi bien rempli de haine que de gratitude.Rennes dans sa splandeur ,Roazhon dans sa merde ,dans sa lumière.Pourquoi suis je vulgaire?Parce que le monde l'est ,je m'en escuse.Et d'ailleurs je vais reprendre mes bonnes habitudes en reprenant mon Vrai vocubulaire.Quoique ,les gros mots ,s'ils ont été inventées c'est bien pour une chose :Les utiliser.Mais passons ,tout ceci est ma foi ,fort ennuieux.Tu dois recevoir énormement de commantaires de personnes qui trouve tes textes sublime.C'est certain.Alors je me sens un peu ridicule de te dire ,à mon tour ,que tes textes sont géniaux.La situation innitiale est parfaite ,l'ambiance est totalement rétranscrite.Que dire ,que faire ?T'acclamer?<br /> Je ne sais quel âge tu as...moi j'aime écrire depuis que je suis enfant ,du glauque ,le plus souvent.On me fait payer d'écrire ,"Manah tu sors maintenant ,il fait beau!" ,mais qui n'a jamais entendu cela?<br /> Peut être que ce texte est idiot ,je ne m'en rendrais compte qu'une fois envoyer.<br /> Es tu écrivain?<br /> <br /> Amicalement<br /> Manah
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I
Je dois avoir une mauvaise connexion synaptique... j'étais en train de me demander pendant 5 min "rcr rcr kezaco?"... hem, quelle nouille d'étudiante rennaise je fais :s<br />
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