Coup d’essai, coup de maître : Infidèle de Howard Roughan (Editions 10/18).
Excellent premier livre que ce roman de Howard Roughan qui nous raconte l’histoire d’un certain Philip Randall, avocat new-yorkais en pleine ascension, à qui tout réussit, marié à une femme très riche (plus que lui) et dont la vie va soudain déraper. Son seul secret, fort commun dans son milieu est une liaison extra-conjugale. Mais pas avec n’importe qui : avec la femme de son meilleur ami, qui est aussi en passant la meilleure amie de sa femme. Aucune inquiétude pourtant, puisque leurs rencontres et leurs ébats sont soigneusement orchestrés et dissimulés aux yeux même des plus indiscrets. Son épouse ne se doute de rien, son ami non plus apparemment.
Tout va donc pour le mieux pour ce yuppie ambitieux lancé vers les sommets tel un inarrêtable météore. Jusqu’au jour où une vieille connaissance importune surgie des profondeurs de son passé menace de le faire chanter, disposant apparemment de quelques pièces compromettantes. Inconcevable pour un homme de la trempe de Randall, le surdoué, qui décide de régler l’affaire à sa manière. A partir de ce moment pourtant, l’existence de cet habile maniaque du contrôle, manipulateur de génie, va commencer à lui échapper et l’entraîner dans une inquiétante spirale, un jeu cynique et cruel face à un adversaire bien plus retors et dangereux qu’il ne l’avait calculé.
Exercice brillant et diabolique dans la hype de Manhattan, Infidèle, que Bret Easton Ellis (auteur d’American Psycho) décrit comme « un divertissement racé et un thriller malicieux : rapide, méchant, secouant », est le premier roman d’exception d’un ancien créatif publicitaire reconverti avec brio. Excellemment écrit, habilement manipulateur et doté d’un scénario à la mécanique implacable et perverse, c’est un livre très fin, très cynique et très drôle. A dévorer d’urgence en attendant son deuxième roman, Un mensonge presque parfait, dont la parution en français est prévue pour septembre 2005 qui paraît lui aussi excellent (si l’on en croît les échos d’outre-atlantique) et la traduction de Honeymoon, paru aux U.S. cette année et écrit à quatre mains avec le poids lourd James Patterson, et qui semble valoir son pesant de cacahuètes. Un auteur brillant à langue de vipère. A suivre donc…