Hypnose électronique : Scorn en live à l’Antipode.

Publié le par NoWay

Live report

 Chronique quelque peu tardive (la soirée date d’il y a trois mois) mais dont le KrashWar ne pouvait faire l’économie du passage à Rennes du projet de live électronique de Mick Harris Scorn, lors d’une soirée au prix modique et à la programmation pour le moins inégale (avec notamment un groupe de Reggae-Dub italien dont on se demandait ce qu’ils venaient faire là). Malgré cette petite réserve, la prestation de Harris derrière ces machines valait largement le déplacement à elle seule, long set ininterrompu et hypnotique de Dark Hop, comme on définit ce mélange quelque peu bâtard de Dub, de Hip Hop, d’Electro et d’ambiance plus ou moins ténébreuse. Moins varié rythmiquement que certaines de ses productions (de la fin des années 90 notamment), la performance de Scorn se focalisa sur un travail de nappes et de textures sonores en permanente transformation allant de sonorités liquides ou aériennes à d’autres plus brutes ou distordues (continents en mouvement, choc des plaques tectoniques, éruptions de volcans sous-marins), entraînant le public présent dans un voyage mental et sonique au cœur de la matière et des éléments, sorte d’hypnose électronique soutenue par de continuelles infra-basses donnant la pulsation interne et poussant à un martelage obsédant du dance-floor par les pieds d’auditeurs comme placés en apesanteur. Excellent live donc, puissamment prenant, dont ceux absents ce soir-là pourront se faire une idée en écoutant le disque List of Takers, sorti l’année dernière et qui restitue pendant 70 minutes un set de Scorn enregistré à Birmingham en 2003. On ne pourra que regretter, vu l’intensité sonore et la force des ambiances créées, un accompagnement visuel (italien) parfois intéressant mais peu approprié, voire par moments totalement absent, qui aurait pourtant pu faire de ce live une expérience totale. Dommage donc !

Concernant le sieur Harris, il ne sera pas inutile de signaler qu’outre son projet électronique Scorn (commencé en 1991 avec d’autres musiciens, puis poursuivi quasiment exclusivement en solo depuis 1995), ce musicien incroyablement éclectique et prolifique fut le batteur (et quel batteur !) d’origine de Napalm Death de 1987 au début des 90’s, puis participa à de très nombreux projets de musique aussi bien instrumentale qu’électronique tels Lull, Quoit, Praxis (avec John Zorn, Bill Laswell et Fred Frith) et bien d’autres. Le KrashWar promet d’ici peu un article assez long sur tous ces francs-tireurs de la musique expérimentale mais recommande vivement à ses aimables lecteurs, en attendant, de se plonger eux-mêmes dans la découverte de certains de ces groupes, Scorn demeurant sans doute d’ailleurs un des plus facilement abordables. A noter pour ceux que la route ne rebute pas que Scorn, justement, sera présent en live au festival de musiques industrielles Noxious Art Festival au Moulin de Poncey (70) le 24.06.2005 en compagnie d’autres excellents projets. Plus de détails dans l’article qui s’y consacre dans ce même numéro du KrashWar.

Les immanquables de Scorn : des débuts encore marqués par le métal et des ambiances très lourdes, nous retiendrons Lick Forever Dog (1992), de la période suivante, plus éthérée et plus Dub, en compagnie de Nicholas Bullen, le plus abouti est sans doute Evanescence, puis à partir de 1995, le projet Scorn n’étant plus constitué que de Mick Harris lui-même, les albums Gyral (1995), Zander (1996) et Whine (1997), qui est un live en Italie sont hautement recommandés. Plus récemment, on retiendra le double vinyl Plan B (2002) sur le label Hymen, ainsi que le live déjà mentionné plus haut List of Takers qui date de l’année dernière.

Napalm Death avec Mick Harris : membre fondateur et capital du groupe, Mick Harris n’y restera que 4 ans, le groupe n’étant absolument plus le même après son départ. A retenir donc du groupe qu’on considère comme les inventeurs du Grindcore les deux premiers albums, incroyablement rapides et destructeurs (surtout pour l’époque) Scum (1987) et From Enslavement To Obliteration (1988), le troisième album, Death By Manipulation (1991) et dernier avec Mick Harris, plus métal et moins grind étant de très bon niveau mais particulièrement mal produit.

A noter pour les néophytes que Napalm Death première mouture (avec M. Harris donc) a été une des grandes inspirations d’artistes tels Merzbow, John Zorn, Carcass ou Boredoms. Qu’on se le dise !

 

Le KrashWar reviendra dans de futurs numéros sur certains des autres projets du sieur Harris, notamment Praxis et Painkiller…

A noter un excellent site sur Mick Harris et ses différents projets : www.mickharris.net.

Publié dans Musik

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K
Je ne savais pas qu'il y avait un ancien de Napalm Death dans Scorn !! <br /> <br /> J'aime beaucoup Scorn, et tu décris très bien l'ambiance musicale de ce groupe : sombre, hypnotique...<br /> Je n'ai qu'un album d'eux, Zander, et ta chronique me fait me demander pourquoi je n'ai pas les autres ??!!
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