Les psychopathes reprennent du service : Playing Enemy, Carmina et Overmars au Mondo Bizarro (09.07.2005)

Publié le par Glavio

Live report

Eté meurtrier au Mondo Bizarro. Pour ce qui a sans doute été le dernier gros concert noise de l’année, l’association All That Glitters (déjà organisatrice d’un excellent concert le mois dernier, malheureusement au même moment que la Piqûre de rappel du Jardin Moderne) a frappé fort et juste en ce début d’été déjà brûlant. Le retour des anciens, des vieilles légendes, dans leurs nouveaux combos, voilà ce que c’était !Carmina d’abord, ou comment deux membres de Ananda fans de Death Metal créent un trio de Brutal Death à la limite du Grindcore, et surtout Playing Enemy de Seattle, les 3 arrachés restants des mythiques Kiss It Goodbye, ayant joué dans des groupes tels que Rorschach, Deadguy, No Escape ou Die 116. Du très lourd donc, et tout cela accompagné des lyonnais d’Overmars, ‘Heavy Post-Hardcore’ selon leur description, qui eux sont lourds au sens premier du terme. Venons-en maintenant au concert lui-même. Premières chaleurs estivales, dépression économique généralisée chez les Krasheurs et apparentés, c’est donc en émissaire solitaire que je me lance vers le Mondo, lieu de vice et de dépravation coutumier des prestations Rock’N’Roll agressives. Ils n’allaient pas être déçus ! Début 20H sur le flyer, c’est donc à 21H (méfiance, pas trop tard, il y a 3 groupes !) que j’atterris au bar du dernier survivant des caf’conc rennais (Respect pour Bruno et Big Steph !) où étonnamment (!!) rien n’a commencé. Ambiance morne et calorifère, c’est juillet et il n’y a pas grand monde. Deux verres plus tard, c’est parti. Lente migration d’une vingtaine de personnes vers la scène (au fond du bar) où deux anciens membres des appréciés Ananda (Hardcore noise lourd et puissant) et un troisième acolyte ont saisi leurs instruments et commencent à aligner une série de morceaux durant entre 45 secondes et deux minutes de Death ultra-rapide, assez scotchant, avec une ambiance mélodique orientée Dark et une bonne voix de raclement guttural, comme il se doit. Double pédale à fond, riffs techniques et speedés, la recette n’est pas neuve, mais la réalisation est efficace. Le public apprécie, dans une ambiance décontractée : blagounettes entres métalleux et Oahhhhhhhhhhhh caverneux qui fusent. Le groupe ne se prend pas la tête et effectue un set plutôt rigolo (pour ceux qui aiment le métal à 300 BPM) et efficace d’une petite demi-heure. Break. Retour à l’apathie du bar. L’ambiance est molle (mais le Punch est frais, à 2 neurones seulement, c’est offert), et c’est maintenant une quarantaine de personnes qui assistent un quart d’heure après aux début d’Overmars, inconnus en provenance de Lyon, au line-up assez nombreux duquel on retient surtout une jeune fille égarée (que fait-elle dans ce groupe ?) qui va aligner quelques fluettes parties de guitare et quelques interventions vocales tout aussi fluettes et un chanteur chevelu esprit Country Man qui va rapidement devenir pénible. 1er morceau en lente montée de pression, assez efficace, gratte couche sur couche, heavy style plombé, mais ça se dégrade rapidement. Quelques morceaux plus loin, c’est le public qui est plombé par ces morceaux trop longs à la sous-Neurosis, pompeux sans être vraiment puissants, à ces vocaux insistants et à l’attitude théâtrale et outrée de leur chanteur-leader qui gave sec. 45 minutes qu’un dernier track un peu moins pire que les autres n’arrive pas à sauver, d’autant que leur show (?!) est complété par une projection vidéo totalement pitoyable, pseudo trashy-désespoir, qui attaque les yeux et repousse de façon radicale le spectateur vers le bar (l’endroit où on pose son coude…), devenu refuge pour les consternés. Finalement, le concert d’Overmars se traîne jusqu’à la fin, et c’est juste à la pause que l’équipe de K-FUEL, Perte et Fracas (nouvelle asso. et label noise qui tâche !) et les immanquables Möller Plesset, par la promesse sonore alléchés, débarquent de leur barbeuk alcoolisé sis astucieusement non loin de là. Le temps de prendre un verre et quelques news et c’est finalement devant une audience raisonnablement nombreuse que Playing Enemy, attendus tels des prophètes destructeurs, entre sur scène. Dès les premières notes et frappes de batterie on sent que ça va hacher sévère, pas vraiment le style Overmars. Batterie épileptique en rotation permanente, riffs dévastateurs et saignants, grosse basse rythmique tabassée à souhait par les bons soins de son instrumentiste et voix de psychopathe désespéré en plein pétage de plomb. C’est rapide, glauque, agressif et puissant, le son est fort, le bassiste s’agite comme un damné et hurle (sans micro) les lyrics tellement fort que les premiers rangs les entendent au milieu du chaos. C’est parfait ! Exactement le genre de grosse baffe américaine qu’il nous fallait pour nous dégraisser les oreilles et nous vriller le cervelas à l’aube de l’été. On n’en attendait pas moins vu le pedigree des membres du groupe, mais c’est le choc quand même. Soudain, alors que l’extase de ravage noise est totale et pourrait (devrait ?) durer encore quelques heures, le groupe s’arrête et sort de scène. Dépressurisation brutale et instantanée. Impression viscérale que le groupe n’a joué que 10 minutes. Non, 40 en fait. Ça ne suffit évidemment pas, la crise de manque aigue pointe le bout de son nez, et c’est donc avec une conviction animale que la salle commence à hurler et à siffler pour le retour du trio infernal de Seattle. Quelques longues minutes d’attente, et hop ! Le retour, mais pour un morceau seulement et une reprise encore : She’s so Heavy des Beatles, par Playing Enemy. Monstrueux ! J’avais déjà entendu une reprise assez entêtante de ce titre par Noir Désir en live, ça valait le détour, mais là, c’est la descente aux enfers direct. Près de 10 minutes de riff lancinant, de voix torturées, de frappes destructrices. Ça n’arrête pas de monter en puissance, ça arrache tout. L’impression d’être dans un tunnel de son qui n’en finira jamais (malheureusement, si !). Epique et monumental ! Par contre, à l’issue du massacre, le groupe, en fin de tournée et visiblement épuisé, retourne dans les loges pour ne plus en ressortir, au grand dam d’une majorité de la salle, néanmoins ravie de la prestation. Les anciens de Kiss It Goodbye sont toujours en activité, là-bas, par delà la mer et ils continuent à faire leur incroyable musique de malades mentaux en pleine crise. C’est royal. Dernier verre vite fait, les yeux dans le vague, les oreilles en sang, puis back to the city, l’alcoolisme n’attend pas. Impression qui dure de se relever tout juste d’un KO, comme en boxe, de s’être pris un bon uppercut juste à la pointe du menton, comme après un concert de Keelhaul, de Isis, ou de The Ex. Là, c’était Playing Enemy, Seattle, USA, en virée en Europe. On se jette sur le dernier album et on attend leur retour de pied ferme, peut-être même avec le 4ème larron qui s’était fait la belle voici quelques années puisqu’une rumeur insistante et fondée fait état d’une possible reformation de Kiss It Goodbye. Could be cool !!!

Discographie de Carmina : Pour l’instant, juste un split 7’’ avec Morgue sur Shogun Records et Evil Bikers Rcds + 4 morceaux de grind death disponibles gratuitement sur leur site. Coool !

Discographie sélective d’Ananda : ‘5’ : Maxi CD sorti en version LP sur Conspiracy Rcds. Hardcore métal prenant et valable.

Profane (2000) : Leur album et leur accomplissement. Très bon disque sorti chez nos amis d’Overcome Records.

Live à Rennes (2000) : Split vinyl du fameux concert du 07.11.1999 à Rennes avec 2 tracks d’Ananda, 2 des américains de Botch (terrible groupe !) et 2 pour les suisses de Knut (qui arrachent sec !). Sorti sur Mosh Bart Industries. Bon son et concert mémorable (où figurait aussi Neurosis, malheureusement absent du disque). A posséder.

Discographie d’Overmars : Affliction, Endocrine … Vertigo (2005) : 1er album sorti cette année. Si c’est aussi bon que sur scène, le titre du skeud prend tout son sens : affliction, vertige… Est-ce que j’ai vraiment acheté ce disque ?...

Discographie de Playing Enemy : Cesarean (2001) : Leur premier album. NoiseCore métal vicieux et dépressif.

Ephemera (2003) : 3 titres excellents. Totale maîtrise.

I Was Your City (2005) : Dernier album sorti il y a peu. Une tuerie !

Discographie de Kiss It Goodbye : She Loves Me She Loves Me Not (1997): Premier et unique album de ce groupe météore qui attaquait les étoiles.

Choke (1999) : EP sorti de façon posthume après le split du groupe, compilation de 2 singles. Excellent.

Discographie sélective de Rorschach : Autopsy (1993) : 31 morceaux qui couvrent toute la carrière de ces précurseurs de la scène noise métal.

Live In Italy 1992 (2002) : Un long time live de furie, avec 17 morceaux, pour se faire une idée de la bête sur scène.

Pour les autres projets des membres du trio américain, on y reviendra une autre fois, car cela deviendrait pléthorique.

A noter l’excellent site des Playing Enemy, bardé de bonnes choses et de blagues de psychopathes : http://www.playingenemy.com

On retrouve aussi nos sympathiques gaillards sur la communauté MySpace, et ça hallucine grave…

Publié dans Musik

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S
Bien ton changement de design, je trouve que ça fait moins sombre...et que c'est bcp mieux.<br /> Bises
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Y
Oh et puis merde! lien vers le fichier mp3. yakaclicker
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Y
On y pensera pour l'interview de Möller Plesset à venir, Paco!
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T
un petit morceau peu etre ?
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L
bjr merci pour le com . ton blog est interressant . bonne continuation . lolo
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