Live Report- Melt Banana

Publié le par NoWay

Tokyo Punk Destruction :

Melt Banana au Jardin Moderne (30.10.2005)

         Retour de la furie Melt Banana dans l'enceinte bretonne après presque 3 ans d'attente, pour présenter leur nouveau split 10" avec Chung (formation teutonne), sorti quelques semaines auparavant. Les psychopathes tokyoïtes sont des habitués de la capitale bretonne, où ils passent à chaque nouvel album, mais vu la furie et la cadence infernale de leurs lives, il est à chaque fois difficile de se rappeler précisément à quoi cela ressemblait vraiment la fois précédente (si ce n'est un flash jouissif et extatique !). Tel était le cas pour moi en cet automne 2005, les questions étant : jouent-ils toujours aussi vite ? Est-ce toujours aussi insane ? Et rejoueront-ils leur fameuse cover de Surfin' USA des Beach Boys qui avait ratiboisé la foule la dernière fois ? Nous n'allions pas tarder, en ce dimanche soir à être fixé sur ces interrogations majeures du Rock'N'Roll (terme qui leur correspond d'ailleurs assez peu).

1ère surprise : pas de première partie, l'asso organisant le concert n?ayant apparemment pas les moyens d'en payer une. Il semble pourtant que nombres de groupes auraient sans hésiter accepté de l'assurer, même sans rétribution, et malgré la difficulté de la tâche. En effet, il est peu aisé de faire le warm up pour un combo de fous-furieux explosant la vitesse du son avec des ondes, vocales et instrumentales, qu'on peut facilement qualifier d?extraterrestre. Malgré cela, il n'est jamais mauvais pour l'audience d'avoir pu se chauffer un peu les tympans avant l?avalanche sonique des nippons.

Là, ça attaque direct vers les 21H30, le groupe étant accueilli par une ovation d'un public en majorité connaisseur, ravi de les revoir après un break aussi long (fut une époque où ils jouaient par ici presque tous les ans). Dès le début, ça frappe fort : batterie surpuissante et déchaînée, beaucoup plus complexe et explosive que dans leurs premiers concerts, lignes de basse sinueuses au son lourd et agressif, riffs hallucinants et bardés d'effets paranormaux du guitariste Agata (si l'on peut considérer qu?il joue de la guitare), le tout survolé et customisé par les cris et piaillements suraigus et épileptiques de la superbe Yako. Les premiers morceaux, redoutables, sont plus longs et développés que les grind tracks de moins d'une minute qui faisaient leur marque de fabrique voilà quelques années, mais la tension et la violence sont toujours aussi présentes, presque plus appréciables dans cet espace plus large où domine une ambiance urbaine façon Neo-Tokyo, bande son idéale pour un Akira du XXIème siècle sous amphétamine, radicalement technologique et CyberPunk. Sons synthétiques, samples étranges et crissants, kicks parfois électro, presque techno par moments, nous sommes au coeur des rues chaudes du futur électrique de cités de lumière, déjantées et sur-speedées. Peut-on encore appeler ça du Rock (pas trop !), du Punk (limite?) ou même de la noise ? Nous sommes en plein dans la zone de combat, au milieu des « machines de guerre tiraillant et des rayons laser, du chaos dans l'ordre ! », comme ils ont eux-mêmes défini récemment leur musique. Bienvenue dans un futur explosé, où vivre est un défi ultime que Melt Banana met en forme avec une virtuosité hallucinante.

On est presque surpris quand un riff de guitare à son saturé "normal" vient déchirer l'air, tant les bruits et sonorités qui nous assaillent, mêlés, samplés, triturés et retraités semblent synthétiques et étranges. Après quelques morceaux de cette veine tirés principalement de leur EXCELLENT dernier album Cell-Scape, tournée de grind punk psychiatrique façon old school : succession en quelques minutes d'une rafale de mini-tracks de 20 à 60 secondes dont certains sont des tubes ultimes de leurs premiers albums, entrecoupés de "Thank You" cadençant les électrochocs. Hurlements des vieux fans, et pas le temps de dire ouf, c'est reparti pour une bordée de morceaux des 3 derniers albums, un peu plus longs donc, mais hallucinants et diaboliques, certains révélant même au coeur du volcan des facettes mélodiques imparables et prenantes, soutenues par une section rythmique à très haut pouvoir destructeur (redoutable batteur de free punk hardcore débridé et inventif sur cette tournée) et malmenées par la folie vocale permanente d'une Yako en transe, qui se sert de sa voix comme d'une percussion polymorphe et irrésistible.

Au bout de 45 minutes, les japonais quittent la scène : cris et fureur, we want some more, oooh baby I like it ! Et hop, c'est reparti pour deux rappels (seulement), toujours monstrueux, avec retour des années 2020, armes automatiques et biotechnologie, puis stop ! L'arrêt sera cette fois définitif, malgré la rage d'un public en manque dont certains (j'en suis !) réclament à cors et à cris la fameuse reprise Beach Boys. Mais c'est niet ! Le quatuor japonais est épuisé (ce qui se comprend au vu de leurs concerts High Powered Energy), la scène restera vide, et c'est une petite heure après notre entrée que nous regagnons le monde extérieur, sa fraîcheur et son calme apparent, les oreilles toujours vrillées de larsens divers et les mirettes remplies d'images d'apocalypse.

Court mais incroyablement intense, Melt Banana est sans doute à ce jour un des groupes les plus en phase avec le monde post-industriel ravagé qui se dessine pour les décennies à venir, beauté née de la hargne et de la destruction, de la vitesse et du sursaut, esthétique synthétique brisée par chaos, descente les gaz à fond dans les ruelles du futur. Un choc, comme d'habitude !

By NoWay

Publié dans Musik

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S
putain 8 mois pour s'en remettre, ça devait être un putain de concert! un petit fordamage en première partie ç'eut été pas mal...<br />
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P
Fellation pour l'interview .. heu felicitation je voulais dire au fait ... ou dans le 93 ? code YEH alors clap your hands ....
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Y
Montreuil underwoods
U
je ne connaissais pas ce groupe...Zorn, Albini, god is my co-pilote...sacrées références...je vais m'y intéresser de ce pas...merci pour la découverte<br /> <br /> A+ les Krasheurs
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